Un peu d’histoire

Couverture du livre de Thuriet

Il existe une présentation de la commune rédigée en 1890 par Charles Thuriet qui permet de retracer ses origines.

Le village d’Avignon est situé à 4 kilomètres de Saint-Claude, presque au sommet du revers oriental de la haute montagne qui domine cette ville à l’ouest. Le chemin qui y conduit est une des promenades les plus belles que l’on puisse faire dans les environs de Saint-Claude, en raison des perspectives agréables que l’on y découvre, sur tous les points de l’horizon. On voit, non seulement, à ses pieds, la ville tout entière avec ses faubourgs et ses promenades, mais encore ses rivières, ses ponts et le pittoresque amphithéâtre de ses ravins et de ses rochers. Il n’est pas surprenant qu’une grange située à mi-côte d’Avignon soit appelée Beauregard. C’est de là qu’on peut le mieux se rendre compte de la justesse de cette image employée par un illustre voyageur, dans la description qu’il a faite de Saint-Claude : « Des vallées profondes partent de la ville dans toutes les directions et divergent de ce point central comme les rayons d’une roue de cabriolet divergent du moyeu » . C’est de là aussi que l’on peut observer qu’il y a peu de régions sur la terre portant l’empreinte d’un plus grand bouleversement. La première habitation que l’on trouve en arrivant sur le plateau d’Avignon est l’élégant château de M. Goudard, industriel de grand mérite, qui a contribué beaucoup à la prospérité du pays par les diamanteries qu’il y a fondées.

L’altitude d’Avignon est de 729 mètres. Il est bien permis, en y arrivant, de demander quel rapport existe entre cette modeste localité des montagnes du Jura et la ville fameuse que baigne le Rhône, pour que l’une et l’autre portent le même nom. Voici ce que l’histoire et la tradition nous rappellent à ce sujet : au XIIème siècle, saint Bénézet, alors berger, fonda à Bonpas, sur la Durance, près d’Avignon, une congrégation de maçons appelés Frères pontifes, vouée à la construction et à l’entretien des ponts. On sait que saint Bénézet et ses compagnons construisirent le célèbre pont d’Avignon sur le Rhône, au pied du palais des papes, pont dont une moitié existe encore, ainsi que la chapelle dite de saint Bénézet à l’extrémité de cette partie de pont, au milieu du fleuve. Le pont d’Avignon est populaire, même parmi les enfants, qui de génération en génération, chantent dans tous les pays cette vieille ronde :

Sur le pont D’Avignon
On y danse, On y danse ;
Sur le pont D’Avignon,
On y danse Tout en rond.

A une époque inconnue, mais postérieure à 1177, date de la fondation de l’ordre des Frères pontifes, l’abbé de Saint-Claude appela des ouvriers de cet ordre pour construire deux ponts. L’un fut appelé pont d’Avignon, et l’autre pont de Saint-Claude, au bas de la Poyat. On dit que les Frères pontifes appelaient par mépris ponts du diable, tous ceux qui n’avaient pas été construits par eux. Lorsque les Frères pontifes eurent terminé les travaux des deux ponts pour la construction desquels ils avaient été mandés à Saint-Claude, quelques-uns d’entre eux obtinrent à titre d’accensement des terrains sur la montagne au-dessus de la Bienne et bâtirent des cabanes qui devinrent le berceau de ce village, auquel ils donnèrent, comme au pont sur la Bienne, le nom de leur pays d’origine. Au XIIIème siècle, l’abbé de Saint-Claude qui était seigneur de ce village y fit construire une tour fortifiée en un lieu appelé aujourd’hui sur le fort. Un autre point culminant de la montagne qui domine le village d’Étables s’appelle encore Beauregard.

Une croix en pierre érigée au bord du chemin, près de la grange dite de la Bataille, rappelle un événement, assez peu important du reste, arrivé en cet endroit en 1595, alors que la terre de Saint-Claude avait été envahie par les Français. En 1649 la peste désolait le pays. Les habitants d’Avignon firent vœu, s’ils échappaient au fléau, de bâtir une chapelle à Saint-Roch. Il faut croire que la peste épargna Avignon, car on y voit une chapelle dédiée à Saint-Roch. On y venait autrefois de Saint-Claude en grand pèlerinage. Cette chapelle renferme une statue de Saint-Roch et un buste de pèlerin sous lequel sont, dit-on, des reliques de Saint-Romain , du suaire de Saint-Claude et de la châsse de Saint-François-de-Sales. Avignon est la patrie de Simon Jaillot (1633-1681), excellent sculpteur sur ivoire, et de son frère Hubert-Alexis (1640-1712), géographe distingué, auteur d’un atlas français en 2 volumes in-folio. La maison des frères Jaillot existe encore, en face de la maison commune.